C’est une nouvelle déchirante pour les fans de comédies humaines et engagées : Clean Slate, lancée sur Prime Video le 6 février dernier, a été annulée à peine un mois après sa diffusion. Une fin brutale pour une série profondément originale, portée par le duo Laverne Cox et George Wallace, et adoubée par la légende Norman Lear, dont il s’agissait du dernier projet.
Une histoire de retrouvailles, de vérité et d’amour filial
Créée par Laverne Cox, Dan Ewen et George Wallace, Clean Slate racontait l’histoire de Desiree, une femme trans noire qui revient à Mobile, en Alabama, pour renouer avec son père après des décennies de séparation. Une série qui mêlait humour, tendresse et critique sociale dans un Sud américain en mutation, tout en abordant frontalement les tensions autour des droits des personnes trans.
Inspirée par des éléments autobiographiques de Laverne Cox, la série sonnait juste, sincère, et résolument nécessaire dans un paysage télévisuel encore frileux sur la représentation trans. Norman Lear, pilier de la télévision américaine avec des œuvres comme All in the Family ou The Jeffersons, s’était enthousiasmé dès les premiers pitchs, saluant une série qui lui avait encore « tant appris » à presque 100 ans.
Une équipe créative riche et diverse
La série était née d’un long processus de développement entamé sept ans auparavant. Elle avait été d’abord envisagée chez Peacock avant de trouver refuge chez Freevee, label comédie d’Amazon. Clean Slate réunissait une salle d’écriture et une équipe de réalisation résolument diverses, reflet des histoires qu’elle souhaitait raconter. Le tournage, qui s’est déroulé en Géorgie, avait été mené avec une énergie communicative et une joie palpable.
Le résultat ? Une comédie chaleureuse, moderne, qui évitait le didactisme tout en posant des questions essentielles sur la famille, l’acceptation, et l’Amérique contemporaine.
Une réception critique forte… mais une diffusion éclipsée
Malgré une excellente réception critique — « Norman Lear’s parting gift » pour certains médias américains — et un accueil enthousiaste du public, notamment au sein de la communauté afro-américaine, Clean Slate n’a pas eu le temps de faire son chemin. Sa diffusion a souffert d’un contexte compliqué : transfert du catalogue Freevee vers Prime Video, manque de visibilité, stratégie éditoriale floue… Résultat : l’annulation est tombée fin mars, comme un couperet.
Un coup dur pour la série, mais aussi pour toutes les personnes qu’elle représentait. Dans une tribune émouvante publiée sur Deadline, les créateurs confient leur tristesse, mais aussi leur fierté d’avoir mené ce projet jusqu’au bout. Ils évoquent « un drapeau de dignité » hissé haut, un hommage à Lear, et un espoir : celui de pouvoir prolonger un jour l’histoire de Desiree et Harry, ailleurs.
Une perte de plus pour la création originale
Avec Clean Slate, c’est une nouvelle création non issue de franchise qui disparaît trop tôt. À l’heure où les plateformes privilégient les propriétés intellectuelles reconnues et les formats formatés, cette annulation sonne comme un avertissement. Plus qu’un simple divertissement, Clean Slate portait un regard à la fois tendre et incisif sur l’Amérique de 2024.
La série était un pont entre générations, entre cultures, entre identités. Son existence même relevait du combat — et son annulation aussi. Laverne Cox, George Wallace et Dan Ewen l’ont bien résumé : Clean Slate était une série “joyeuse, nécessaire, et née de l’amour.” Une série à laquelle on ne peut que souhaiter une seconde vie.
Clean Slate annulé par Prime Video : une série audacieuse et nécessaire fauchée en plein vol