Netflix lançait le 18 septembre Black Rabbit, thriller new-yorkais qui réunit Jude Law et Jason Bateman dans un cocktail sombre et anxiogène. Le pitch : deux frères que tout oppose, une boîte de nuit comme décor principal, et des menaces qui planent à chaque coin de ruelle. Ajoutez à ça une direction photo léchée et un casting secondaire de luxe, et vous obtenez une série taillée pour truster le top 10 de la plateforme. Sauf que ce premier épisode ne tient pas toutes ses promesses : trop long, mal rythmé, déjà-vu… bref, le lapin a du mal à bondir.
Un épisode interminable qui prend son temps… beaucoup trop de temps
On aime les pilotes qui posent une ambiance, mais encore faut-il trouver le juste dosage. Ici, l’épisode dure 64 minutes, et on le ressent dans chaque plan. Lenteur, bavardages inutiles, flashbacks placés sans logique : au bout d’un moment, la tension promise se transforme en lassitude. La série s’étire pour donner l’impression d’ampleur. Mais un épisode pilote doit accrocher, pas donner l’impression d’un marathon dès le départ. Et honnêtement, si l’histoire n’avait pas Jude Law et Jason Bateman pour occuper l’écran, on aurait peut-être décroché bien avant le générique de fin.
Des personnages qui se présentent mal
Un pilote, c’est aussi censé donner envie de suivre des personnages. Mais ici, on se retrouve avec deux frères dont on peine à saisir les motivations, et encore plus à s’attacher. L’un est trop froid, l’autre trop effacé, et leurs dialogues sonnent souvent forcés. Quant aux personnages secondaires, ils débarquent à la chaîne mais sans profondeur, comme si le scénario voulait absolument cocher toutes les cases : la serveuse mystérieuse, la menace mafieuse, le voisin inquiétant… Mais en une heure, aucun n’existe vraiment. Résultat : impossible de ressentir de l’empathie avec des personnages peu attachants et caricaturaux.
Un scénario cousu de fil blanc
Là où Black Rabbit devait surprendre, elle se contente de recycler. Les ingrédients du thriller urbain sont bien là : dettes, secrets familiaux, pressions extérieures. Mais chaque piste lancée sonne ultra-prévisible : intrigue cousue de fil blanc, retournements qu’on voit venir à des kilomètres. Même les cliffhangers tombent un peu à plat, faute de construction solide. On retrouve un thriller déjà-vu, et c’est exactement ce qu’on ressent : l’impression de rejouer un vieux disque, avec des riffs qu’on connaît déjà par cœur.
Casting 5 étoiles, intrigue basique
Soyons honnêtes : Black Rabbit n’existerait probablement pas sans Jude Law et Jason Bateman. Leurs performances sont irréprochables, et ils portent littéralement la série sur leurs épaules. Le casting secondaire (Anna Gunn, Gaby Hoffmann, Adepero Oduye…) est tout aussi solide. Mais voilà : la série mise tellement sur ses têtes d’affiche qu’elle en oublie d’écrire une intrigue à leur hauteur. On a presque l’impression que la notoriété des acteurs sert de caution pour masquer la banalité du scénario. C’est beau à voir, mais creux à suivre.
Visuellement irréprochable (et c’est bien le problème)
On ne va pas cracher dans la soupe : visuellement, c’est du haut niveau. La photographie est sublime, les jeux de lumière sont soignés, les cadres sont travaillés à l’extrême. L’ambiance nocturne de New York est magnifiquement rendue, entre barres d’immeubles inquiétantes et néons hypnotiques. Mais cette virtuosité visuelle finit presque par se retourner contre la série : trop d’attention portée à l’emballage, pas assez au contenu. La mise en scène cherche tellement à impressionner qu’elle en oublie de servir le récit. Résultat : un peu comme recevoir une boîte de luxe remplie… de pâtes premier prix.
Conclusion
Ce premier épisode de Black Rabbit illustre parfaitement le syndrome du “prestige drama Netflix” : une esthétique impeccable, un casting prestigieux, mais une intrigue mollassonne et déjà vue. On ressort du pilote avec l’impression d’avoir regardé une très belle bande-annonce de 64 minutes, plutôt qu’une histoire captivante. Si la série veut vraiment accrocher, il va falloir qu’elle décolle très vite. Parce qu’avec ce départ-là, même Jude Law et Jason Bateman pourraient avoir du mal à retenir les spectateurs.