Une série Française ça te dit ? Mouarf…
C’est de la science-fiction. Ah.
Ça parle du premier atterrissage sur Mars. Tu as mon attention.
Et en plus c’est la merde et tout ça en huis clos. Banco !
Il ne m’en fallait pas plus pour accepter un pilote de série. Et pourtant je ne suis pas patriotique mais cette fois-ci j’ai fais le bon choix et en plus c’est soutenu par ma région, la Nouvelle-Aquitaine en plus de la Charente Maritime et le CNC.
Missions possède un pitch de départ que l’on aimerait voir arriver un jour : un milliardaire envoie une mission privée sur Mars mais ils se font dépasser de peu par la NASA, associée à un Steve Jobs du futur, pourtant partie après leur départ. Le problème ? Les premiers arrivés se sont ratés à l’atterrissage sans aucune explication.
De leur côté, l’équipe privée se pose avec quelques difficultés et sont dans l’incapacité de repartir ni de survivre plus d’une semaine. Est-ce vraiment la merde ? Avait-il prévu le coup ? Pourquoi les autres se sont loupés ? Y’a-t-il des survivants ? De longs mois de voyage ont-ils un effet psychologique négatifs sur les membres de l’équipe ? Seul sur Mars ou Mission to Mars ?
Une atmosphère de huis clos… :
C’est en 10 fois 22 minutes que vous trouverez les réponses à ces questions. A noter que normalement pour un drame ou une série de science-fiction, les épisodes sont d’au moins 42 minutes (sans pub). Dans le cas de Missions, le format de 22 minutes est parfait : ça va vite, les intrigues s’enchainent, y’a rien d’inutile ils n’ont pas le temps d’alourdir avec des mystères additionnels, et les cliffhangers nous donnent envie d’aller voir l’épisode suivant (Ils se comparent à Lost dans le communiqué de presse, j’ai lolé faut pas déconner non plus). Je rajoute un pouce bleu pour la réalisation impeccable, le générique magnifique et la photographie de qualité. Je m’arrête pour les compliments, je passe au dubitatif.
Missions est un huis clos, on est cloitré dans un petit vaisseau et quelques espaces extérieurs. On est donc bloqué avec différentes personnes aux personnalités variées, autant eux que nous spectateur. Et là où le problème apparait c’est sur le choix de l’actrice principale ET de la gestion de son rôle combinés. Ce qu’il faut savoir pour réussir un bon huis clos c’est qu’il y a presque toujours une personne centrale, un « héros » qui se démarque. Dans The man from Earth, tout tourne autour du personnage principal et c’est lui qui fait vivre l’intrigue. Dans Cohérence, c’est le point de vue de la fille que l’on suit presque tout le temps et c’est elle qui nous fait vivre la situation présente. Même dans l’un des meilleurs épisodes de Supernatural, le huis clos se fait du point de vue intérieur de la voiture pendant 42 minutes. Ici le problème c’est que l’on est à moitié dans un récit de huis clos en suivant Jeanne et à moitié dans un schéma de série classique en voyant tout le monde parler d’elle et vivre sa survie personnelle. La narration de Missions ne prend aucun risque, elle ne tente aucune innovation dans son récit. Mon deuxième problème en découle : Jeanne n’est pas du tout crédible dans son rôle et c’est la seule de l’équipe. Vraiment j’ai trouvé son manque de charisme évident comme un frein à l’impact de l’intrigue. Elle joue dans Missions comme elle jouerait dans un film d’auteur sur l’histoire d’amour d’une veuve après la seconde guerre mondiale. C’est peut-être méchant mais je ne trouve pas ça juste pour le reste du casting qui joue extrêmement juste avec certains qui sont habités par leur rôle (l’américain hargneux ou Baz l’informaticien). D’ailleurs un dernier petit mot sur le casting : il est international et pas juste pour faire style. Ce sont des astronautes étrangers, ils ont donc pris des comédiens étrangers correspondant au bon pays, pas comme les séries américaines qui prennent un Canadien d’Ontario pour jouer un Français.
…A la Française :
C’est la société française Empreinte Digitale qui depuis 2015 construit le projet. Pour vous situer un peu Empreinte Digitale ce sont les producteurs de Lazy Company, la meilleure série française après Nestor Burma, ou même l’excellente mais trop peu connue Trône de Frogz, la web-série de Yacine Belhousse. On n’a donc pas affaire à des débutants.
Pas des débutants certes mais on a quand même le droit à des bons gros tics de réalisation françaises. Par exemple au bout de 5 minutes pour bien faire comprendre que 2 personnes sont en couples, on introduit une relation sexuelle sans filtre et une paire de seins à 6 minutes pour dire « nous on est français on s’en bat le steak de l’âge du spectateur, on fait une série pour les grands. ». Tu peux aussi faire dans le subtil et pas dans la facilité, bouffeur d’escargot.
Étrangement ce « mauvais passage » est désamorcé par un autre gros tics français : la remarque cash qui te fait rire. Là où un américain sortirait une punchline que jamais tu n’arriverais à sortir dans la vraie vie, le français te sort une vanne / pic sans réfléchir et enchaine sans revenir 3 ans dessus. On le retrouve souvent et presque à chaque épisode. Ça peut paraître anodin mais ça donne une cohésion à l’équipe et une sensation de réalisme au spectateur.
A part ça on ressent les créateurs très attachés à la culture cinématographique française. On retrouve quelques discussions/situations philosophiques réalisées comme des films d’auteurs français. Personnellement je n’ai pas accroché car la plupart du temps cela ralentissait plus que nécessaire l’ensemble de la situation.
Au final je trouve l’exercice très intéressant et réussi. Une réalisation française sur de la science-fiction permet d’avoir une œuvre sérieuse, réaliste, dynamique et capable de proposer des choix sensés. Malgré quelques défauts pour la plupart ne gâchant rien au visionnage et le petit raté dans le choix du casting, Missions ne vous fera pas perdre de temps si vous êtes fan de science-fiction ou d’intrigue bien montée.
Diffusion le 1er juin à 20h40 sur OCS City et en intégralité sur OCS Go.
Article rédigé par @Geeleek_
[Critique] Missions : quand la fiction française s’attaque à Mars