Cleverman, dont la diffusion vient de débuter sur Sundance, est avant tout une série de science-fiction. Nous sommes en Australie où cohabitent humains et Hairys, qui tiennent leur nom du fait qu’ils sont hyper poilus, et qu’ils ont un côté un peu félin. Ils ont une force surhumaine aussi. Quand je dis cohabitent, c’est un bien grand mot, puisque les Hairys sont parqués dans la Zone, un camp de fortune dans une ancienne station de métro, et qu’ils n’ont pas vraiment le droit d’en sortir.
Nous allons alors suivre plusieurs personnages. Notre personnage principal s’appelle Koen, c’est un Hairy dissimulé, qui travaille dans un bar avec deux amis. Pour se faire de l’argent, il joue le passeur pour des familles de Hairy, pour ensuite les dénoncer aux autorités et empocher la récompense. Cela va vite changer quand, à la mort de son oncle, The Cleverman, il va hériter de ses pouvoirs. The Cleverman possède le don de guérison et peut ressusciter les morts, entre autres choses. Koen a un frère, Waruu, qui est le chef de la Zone et qui se bat pour les droits des Hairys. Passé cela, il n’est pas toujours blanc blanc. Enfin, dans un second rang, on va suivre une famille de Hairy dont Koen s’est « occupé », les médias qui relayent les affaires de descentes, et les autorités bien dégueulasses.
Cleverman, outre son histoire de science-fiction, dénonce sans vraiment se cacher, notre propre réalité, entre immigrants, racisme et violences policières. Et c’est ce qui fait toute la grandeur de la série. Si on enlève les pouvoirs magiques et les poilus, nous sommes face à un miroir de notre société. Par ce côté, la série est très intéressante, et prend un point de vue qui, effectivement, mérite d’être développé.
Au niveau du casting, pas de têtes connues, mais que des têtes qui méritent de l’être. Chacun joue son rôle à merveille. Les gentils sont touchants, les méchants donnent vraiment envie d’être frappés dans leur fondement.
Au niveau de l’image, ça fait son travail, mais il n’y a malheureusement rien d’exceptionnel. Ce que je regrette c’est que, pour une fois, nous avions une série qui se déroule en Australie, et finalement, en regardant le pilot, on se rend compte qu’elle aurait pu être tournée n’importe où ailleurs et avoir le même résultat. En même temps, cela sert aussi à cette ambiance d’enfermement qui entoure toute la narration.
Autre petit point négatif : on manque d’informations sur les Hairys. Un petit texte est déroulé en introduction pour nous expliquer le rôle du Cleverman. Mais, même si les Hairys ont un lien évident avec les aborigènes, on ne sait pas vraiment lequel. Nous ne savons pas grand chose d’où ils sortent, rien de leur histoire. J’espère que cela sera dévoilé dans les prochains épisodes.
En résumé, Cleverman est un bon coup de pied dans la fourmilière politique. La série dénonce et le fait bien. On ne voit pas le temps passer en regardant le pilot, la narration étant très bien menée. J’espère que les quelques zones d’ombres que j’ai évoqué seront dévoilées plus tard. En tout cas, c’est une série que je vous conseille, d’autant plus qu’elle a déjà été renouvelée pour une deuxième saison.
Cleverman : la science-fiction au plus près de la réalité