Kidding, diffusé sur Showtime, suit Jeff, une icone de la télévision pour enfants, qui lutte pour garder un esprit sain après la mort de son fils dans un accident de voiture. La série a été créée par Dave Holstein (Weeds, The Brink) et est réalisée par Michel Gondry. Au casting on retrouve Jim Carrey dans le rôle principal, Franck Langella (The Americans) dans le rôle du producteur, et Catherine Kenner (Truman Capote) dans le rôle de l’amie et collègue de Jeff.
Il y a beaucoup de cynisme derrière Green mean Go, le premier épisode de Kidding. Ce premier chapitre célèbre la réunion de Carrey et Gondry depuis Eternal Sunshine of the Spotless Mind dans une série très inspirée de Mister Roger’s Neighborrhood, au moins dans l’esthétique.
On va avoir un personne partagé entre son apparence à la télévision, et sa réalité, celle d’un homme complètement brisé après la mort de son enfant. Il accumule les déceptions : sa femme l’a quitté pour un autre, il apparaît comme un guignol aux yeux de son autre fils, et son producteur refuse d’ajouter de la profondeur dans sa série, afin que lui-même fasse sa catharsis. Des miroirs brisés et des boîtes aux lettres cassées entourent Jeff. Il est certainement celui qui les a brisés, mais nous, le public, n’avons jamais le droit de voir ces moments vulnérables. Gondry, de par sa conception, nous tient à distance de Jeff dans sa vie privée, comme si nous étions seulement autorisés à voir le personnage public.
Jeff Pickles est un homme qui essaie d’être gentil, avec lui-même et envers les autres, mais c’est d’autant plus compliqué qu’il est une image de marque. Il doit constamment être dans la performance, même quand il ne le veut pas. Après tout, il a une réputation à défendre. Même s’il veut exercer son influence pour de bon, poussant son producteur à le laisser filmer un épisode sur la mort, le blocus qu’il a rencontré c’est finalement ce qu’il faut pour qu’il garde son image publique. Ce qui soulève la question suivante : comment faire preuve de gentillesse, ressentir de la tristesse ou traiter une émotion quand on est contraint de vivre sous le contrôle permanent du public ?
Jim Carrey prouve une fois de plus qu’il est l’un de nos acteurs dramatiques les plus sous-estimés, offrant une fenêtre envoûtante sur l’esprit d’un artiste en détresse qui a du mal à survivre dans ce monde.
Car oui, Kidding est loin d’être une comédie. Même si on a droit à quelques touches d’humour noir, nous sommes dans la tragédie. Jim Carrey est absolument touchant. La mise en scène et l’esthétique apportée par Gondry, au lieu d’édulcorer le propos, met en exergue la souffrance par contraste.
Kidding est sûrement la meilleur chose que vous pourrez voir cette semaine.
[Pilot] Kidding : c’est pas juste pour rire