Sense8 c’est la série des Wachowski, et J. Michael Straczynski. Les premiers sont connus pour Matrix (le 1, les autres n’existent pas), mais surtout pour être le duo de réalisateurs qui ne se complaît pas dans une formule (regardez Cloud Atlas bande de loutres). Le second est le créateur et showrunner de la meilleurs série de SF de tout les temps : Babylon 5. Vous allez en entendre parler beaucoup pendant cette article de Babylon 5, car les défauts de ce pilote sont les même que ceux des début de B5.
Il faut savoir que la série est ambitieuse. Très ambitieuse. Se passant à travers le monde, tourné sur place (donc à 8 emplacements différents), la série vise à être un film de 12h, avec trois actes bien découpés. Pour ça que Straczynski et les Wachowski conseillent de regarder les épisodes par blocs de 4. La série parle de 8 personnes à travers le monde, 8 personnes connectée entre elle par un lien psychique, qui leur fait ressentir les sensations des autres, et qui leur permet même de communiquer.
Ce pilote (enfin ce n’est pas vraiment un pilote, nous sommes sur Netflix) est donc très lourd en exposition. En une heure il s’agit de nous présenter 8 personnages, leur situation, qui ils sont, et les bases de leur connexion. Cette dernière partie est probablement la mieux gérée de ce pilote. Lorsque nous suivons un personnages nous avons des sons, des visions, très subtiles, des situations des autres. Ainsi par exemple lorsque le personnages du cambrioleur en Allemagne essaye d’ouvrir un coffre, nous avons un très discret son de « clic clic » sur les scènes de la DJ Islandaise en Angleterre. Et tout au long de l’épisode nous avons de petits indices comme ça, même pas forcément remarqué par les personnages, c’est à nous, spectateur, de le noter.
Passons maintenant au défaut de cet épisode : c’est lourd. Pas chiant hein, très lourd en exposition. Je suppose que c’est inévitable avec un casting pareil (8 personnages, et leurs relations personnelles), mais certains personnages semblent avoir été mis sur le côté. L’épisode se centre principalement sur la DJ Islandaise sus mentionnée, le cambrioleur Allemand Wolfgang et le flic américains de Chicago. Pas étonnant que ce soit les trois personnages les plus intéressants de ce premier épisode.
Quand je disais que je parlerais de Babylon 5, j’y arrive. Pour info B5 a été pensé en avance comme une longue série de 5 saisons, tout était prévu dès le début, même d’éventuels départs d’acteurs. Ce qui fait que la saison 1 avait un défaut que nous retrouvons ici. Sa mission était d’introduire un vaste univers, cohérent, avec ses règles, ses personnages, ce qui faisait que parfois elle était longue, et bourrée d’exposition. C’est avec la saison 2 que la trame narrative globale a été lancée, et que la série a pris son envol. Je pense qu’avec Sense8 nous nous dirigeons vers le même schéma : les 4 premiers épisodes très lourds en exposition, balançant des bouts d’intrigue générale à droite et à gauche, tandis que l’univers, ses personnages, sa cohérence propre, et ses règles seront révélés. Viendra ensuite les 4 suivants (acte 2), où l’intrigue se lancera.
Visuellement c’est du Wachowski, ils ont réalisé cet épisode et ça se voit, c’est irréprochable, c’est probablement la direction la plus maîtrisée d’une série depuis longtemps, sans tomber dans le gimmicks à la Hannibal ou American Horror Story. C’est sobre, c’est beau, c’est cinématographique, et on voit que Netflix a dépensé sans compter.
Ça serait une série normale, je vous dirais probablement d’attendre quelques épisodes avant de vous y mettre, histoire de voir si ça décolle et que ça arrête de se traîner cette lourdeur d’exposition. Mais comme c’est du Netflix, tous les épisodes sont disponible (sur Netflix France aussi soit dit en passant), donc au pire vous pourrez y jeter un œil. Comme toutes les séries à mystère (LOST et ses clones) le risque c’est que ça se casse la gueule en essayant de donner une explication. Connaissant les Wachowski, je doute qu’il y aura ce problème. Cloud Atlas tient car il n’y a pas d’explication rationnelle, et c’est pour ça que le film est bon. Donc Sense8 a le potentiel d’être une grande série, quelque chose d’assez unique, reste à voir si ils arrivent à décoller.
Sense8 : la série qui veut t’intriguer