J’ai un peu tardé à regarder The Night Of pour cause de manque de dodo, mais le 14 juillet ça sert à ça : regarder des séries affalé dans son plumard. Donc The Night Of, diffusé sur HBO, suit Naz, un jeune garçon un peu timide qui va passer la nuit de sa vie. Sauf qu’on est pas dans Supergrave. Alors qu’il veut aller à une soirée, il emprunte le taxi de son père et se retrouve avec une cliente très charmante qui va le ramener chez elle. A son réveil, elle baigne dans son sang, il ne se souvient de rien. Il est alors accusé de l’avoir tué, et c’est un enfer qui commence.
Le pilot de The Night Of m’a fait le même effet que le pilot de Mr Robot l’année dernière. Dès le premier épisode, on sent qu’on est face à THE série de l’été. Et bon sang, moi qui aime les séries hyper sombres, je suis servie ! Buffet à volonté ! Trêve de jetage de confettis, rentrons dans le détail.
Ce qui m’a le plus plu dans ce pilot, c’est l’attention au détail et le fait que le scénario soit vraiment manié avec habileté. Chaque détail, chaque acte, chaque parole aura une conséquence. Chaque point important pour l’histoire et pourtant insignifiant dans l’action est mis en valeur pour que chaque moment s’enchaîne et s’emboîte pour qu’enfin le piège se referme autour de Naz. Les scénariste ont vraiment fait un boulot formidable : celui de délivrer un scénario très complexe à mettre en place, sans qu’il soit compliqué pour le spectateur. Et c’est toujours jouissif d’assister à ce genre de phénomène, que chaque détail soit là pour un plus grand tableau. Et ce sentiment quand enfin vous voyez The big picture comme disent les ricains…. Je vais sûrement aller trop loin pour certains, mais moi ça me fait penser à du Fincher dans la démarche.
L’ambiance est ultra lourde, dure. Et tout nous y ramène : l’absence de musique (sauf exception), les silences, la photographie désaturée, les lumières blafardes des néons… On est pris par les tripes et on est aussi inconfortable. Parce qu’on est vraiment en empathie avec le jeune Naz. En effet, il n’a pas le profil type du tueur, il a une tête de Droopy. Mais d’un autre côté, on se sait pas s’il est vraiment innocent. C’est pour cela qu’on est mal à l’aise. On se sait pas si on doit prendre son parti ou pas.
Et le tout est vraiment soutenu par un casting incroyable. Naz, joué par Riz Ahmed, est un personnage formidable incarné par un acteur formidable. Tout est dans le regard, celui d’un jeune garçon qui ne comprend pas ce qu’il lui arrive. Le détective Box, joué par Bill Camp, pourrait être tout droit sorti d’un film d’Olivier Marchal (c’est un compliment, oubliez Section Zéro). Enfin, l’avocat de Naz, joué par John Turturro, est surement le personnage qui ressort le plus du lot. Il est à contre emploi de ce qu’on attendrait de la série, et c’est pour le meilleur. Il est jovial, haut en couleurs, amène un moment de détente dans l’épisode, comme un vent de fraîcheur. Et surtout, il amène de l’humanité.
Ma critique arrive un peu tard, certes, mais si vous n’avez pas encore été voir le pilot de The Night Of, je vous ordonne de le regarder tout de suite. C’est vraiment un immense coup de cœur. Cette série est une vraie oeuvre qu’il ne faut pas louper.
The Night Of : une bonne grosse claque dans ma gueule