Vinyl, c’est la collaboration qu’on attendait depuis plusieurs mois. C’est la réunion de Terrence Winter, Mick Jager et Martin Scorcese. C’est la série musicale, pop-rock-punck-disco dont on voulait tous remuer nos derrières devant. Nos espoirs ont-ils été trop grands ? Les trois maîtres de l’image et du son ont-ils été à même de nous proposer une série de qualité ? C’est ce que nous allons voir dans les lignes qui vont suivre.
Vinyl est une série racontée à travers les yeux et la voix de Richie Finestra (Bobby Cannavale) qui est parti de rien pour finalement bâtir un empire de la production musicale au doux nom d’American Records. Sauf que les temps sont durs, les modes changent, les allemands veulent leur part du gâteau et Richie abuse un peu beaucoup des drogues et de l’alcool.
Parlons d’abord de l’emballage. C’est très beau. Vraiment. On sent le travail de Scorcese avec des plans qui nous rappellent les vues de la ville dans Taxi Driver. On voit cette patine vintage tout au long de l’épisode, ces couleurs dans les tons marrons / orangés qui nous rappellent les meubles en formica de mémé. Et ce contraste pendant les scènes musicales ou tout est bardé de couleurs chatoyantes. Certains plans de la ville font directement échos au cinéma des 70’s avec ce grain à l’image, ces couleurs saturées de phares de voitures, et cette ville à la fois cracra et fascinante.
Les acteurs sont tous formidables. De Bobby Cannavale qui a de toute façon la tête de l’emploi, qui n’a plus de réputation à faire ; jusqu’aux petits rôles des employés de la maisons de disques. Mais surtout : les artistes. Parce que dans Vinyle, on ne vous raconte pas une histoire de la musique, on vous raconte L’Histoire de la musique. Alors on ressort les grands noms de cette décennie et on les fait incarner. C’est toujours très difficile de trouver des acteurs incarnant des légendes connues de tous. Et je ne pourrais pas juger de la fidélité par rapport à l’original. Bah oui, malheureusement je n’ai pas rencontré de légende du rock dans ma vie. Mais en tout cas ils sont convaincants. Et puis, quand on est le fils de Mick Jagger (James Jagger qui joue le chanteur des Nasty Bits), on a quand même des références.
C’est aussi une série qui va parler aux fans de musiques, les connaisseurs comme les amateurs. Dans Vinyl, la musique est omniprésente. Normal, me direz-vous, c’était un peu le but. Mais cette musique est présente en illustration, inutile à l’intrigue mais toujours un délice à entendre. Mais surtout, on assiste à plusieurs concerts, où les grands tubes sont repris par d’autres artistes de notre époque, et on n’a pas peur de stopper un peu l’histoire pour vous faire admirer un live le temps d’une chanson entière. Le temps s’arrête et on laisse le spectateur savourer.
Malheureusement, le temps, c’est vraiment le soucis qui s’est présenté pour moi. Vous voyez que je ne tarie pas d’éloges sur cette série. Et pourtant, au bout d’un moment, je me suis vraiment ennuyée devant ce pilot. Il dure presque deux heures, et c’était vraiment long. Il aurait mérité d’être coupé en deux. Rien ne justifiait dans le scénario d’avoir un épisode aussi long. Et surtout, une fois la situation, les personnages et l’environnement présentés, il ne se passe pas grand chose. Certes, on va suivre toutes les complications qui vont se succéder et qui vont jouer à faire couler la boîte de Richy. Mais c’est tout. Pendant près de deux heures on va voir des concerts, des gens qui s’engueulent sur des parts de contrat, des fêtes à outrance et une vie qui se brise peu à peu. Certes, le rock c’est ça, mais pas seulement. Je pense qu’on passe à côté de tout un pan de cette histoire.
L’autre défaut que je retiendrais c’est le fait que l’histoire se centre exclusivement sur Richie. Vous l’avez dans quasiment tous les plans de ce pilot. Et si ça ne vous suffisait pas de le voir, vous allez aussi l’entendre en off vous raconter sa vie. Connaître son histoire c’est bien, mais on aurait aussi apprécié de voir ce qu’il se passe à côté.
HBO et ce trio de créateurs exceptionnels ont su nous livrer un très bel objet. Un objet plaisant à voir et à entendre. Malheureusement le scénario est d’une qualité inférieure au reste de l’épisode. Néanmoins, il est plaisant à regarder, et surtout, à écouter.
Vinyl, le disque rayé qu’on aime écouter